Réflexions évasives - Libre

Liliana réfléchissait. Oui, assise au centre d'une des grandes tables de la salle d'étude, la jeune fille avait appuyé le menton sur le revers de sa main, les yeux dans le vague, fixés droit devant elle, où il n'y avait heureusement personne d'installé.
Un parchemin vierge était posé sur la partie de table qui lui était réservée tandis que son esprit travaillait furieusement. Cependant, ça n'était pas sur les cours à peine débutés que la belle Serpentard réfléchissait, mais sur un tout autre sujet qui n'était autre que la gazette de Poudlard.
La demoiselle avait été promue rédactrice en chef cette année, et elle savait qu'à partir de ce moment, il était de son devoir de rendre le journal de l'école interressant et vivant. Cependant, une première difficulté s'offrait à elle : l'équipe permanente qui se chargerait de l'aider dans des domaines bien particuliers n'avait pas encore été constituée.
Qui trouverait-elle afin que le vrai travail commence ? Liliana n'en avait aucune idée. C'était d'ailleurs ce qui la poussa à parcourir des yeux les quelques élèves - peu nombreux à cette période de l'année - installés dans la salle d'études, comme si une révélation allait lui tomber sous le nez à la simple vue d'un collégien.

Un petit soupir s'échappa de ses lèvres tandis qu'elle se prenait le front dans les mains. Ca n'était vraiment pas en baillant aux corneilles qu'elle trouverait au moins des idées pour le premier numéro imprimé sous sa direction.

*Merlin.... Aidez-moi !*

Comme si ce geste lui donnerait plus d'inspiration, la jeune fille plongea le bout de sa plume dans l'encrier, avant de la pencher vers le papier nu de toute écriture. Une grosse tâche d'encre tomba, souillant le parchemin d'un gros rond noir et de quelques éclaboussures.
Liliana se maudit en jetant férocement sa plume dans l'encrier, avant de croiser les bras et de balancer sa tête en arrière.
Ses longs cheveux blonds et bouclés glissèrent sur sa nuque tandis qu'elle se concentrait sur sa respiration pour récupérer son calme. Il fallait que les idées fleurissent dans son esprit, comme l'année précèdente, c'était pour cela qu'on l'avait élue, par pour bloquer lamentablement !
Ainsi installée, elle ne prêtait plus attention au monde qui l'entourait, ni aux quelques regards indiscrets qui s'étaient portés sur elle.

Lizzie était attablée dans l'une des salles d'étude à disposition des élèves. La rentrée et son flot de nouvelle s'était passée, mais notre Gryffondor n'avait pas envie de penser à ça, pour le moment. Aussi enferma-elle ses problèmes familiaux dans une petite boîte, qu'elle déposa dans un coffre fort, au fin fond de son cerveau, pour ne plus y penser. Et pour être vraiment certaine que le sujet ne revienne pas passer dans son esprit à l'improviste, elle se mit à travailler. Ah oui je sais! Les mots Lizzie et travail ne vont pas du tout ensemble. Ils ont comme deux aimants qui s repoussent: il n'y a jamais moyen de les faire cohabiter. Eh bien la preuve que si! Elle fit ses devoirs avec application. Jamais de sa vie elle ne fit aussi bien le travail demandé. Avec ça, c'était certains, elle n'aurait que des "Optimal". Consciencieuse, elle relu quatre fois ses copies, traqua les dernières fautes d'orthographe, d'expression ou de syntaxe. Pas facile-facile tout ça!

Seulement voilà, étant en première année et au début de cette fameuse année, Wizz n'avait quasiment rien à faire. Elle eut beau se réciter ses leçons quatre fois dans la tête, bien relire ses copies, rien n'y fit! Il lui restait encore un bon bout de temps à tuer, et aucune activité ne lui vint à l'esprit, à part bien entendu ressasser les interrogations, les peurs et les espoirs qui occupaient sa tête depuis la soirée de la répartition.... A moins que.... Mais oui! Bien sûr!
La petite blonde se leva d'un bond joyeux et sautilla vers l'estrade du professeur Flitwick qui était censé les surveiller. Il lui était revenu un parchemin qu'elle avait lu le matin-même, sur le tableau d'affichage des Gryffondors. Il y était écrit que Poudlard avait une gazette, et que l'équipe de rédaction était en formation, et que donc si des élèves étaient volontaires, ils devaient contacter une fille dont le nom échappait à la rouge et or. Voilà donc pourquoi elle allait voir le petit professeur amusant. C'était en vérité assez drôle de le voir, lui si petit, trôner sur cette grande estrade qui surplombait tous les enfants. Oh non! Le plus drôle restait tout de même de le voir en cours. Il était tout simplement à mourir de rire, bien malgré lui.

Lizzie grimpa de son mieux sur l'estrade, histoire de pouvoir parler tranquillement au petit homme, sans que quelqu'un ne les dérange ou n'écoute leur conversation. On ne sait jamais, il pouvait y avoir de la concurrence

_ Professeur?
Puis-je vous demander quelque chose?

_ Bien sûr petite! Je t'écoute...

_ Savez vous qui est la rédactrice de la Gazette de Poudlard?

_ ...hihihi... oui... tu as de la chance jeune fille....hihihi... la demoiselle en question s'appelle Liliana Vanloock... hihihi... c'est la jeune fille que tu vois là-bas...

_ Merci professeur! Euh... professeur? Puis-je aller la voir pour euh...

_ Oui oui... vas-donc, mais en silence... hihihi...

Et la petite de sauter à bas de l'estrade sous le regard amusé du maître des sortilèges. La jeune fille qu'il lui avait désignée avait environ l'âge de Mava, peut être était-elle un peu plus âgée, mais guère plus. Miss Vanloock était plutôt jolie, blonde et curieusement, Lizzie pensa qu'au fond, elle lui ressemblait plus à elle, cette inconnue, plutôt qu'à celles qu'elle avait toujours pris pour ses soeurs. Réflexion totalement idiote s'il en était!

Souriante, elle s'approcha néanmoins de la demoiselle, et vint se poster juste devant elle, un grand sourire aux lèvres.

_ Salut! Je m'appelle Lizzie, et j'ai entendu dire que c'était toi la rédactrice en chef de la Gazette.
Si c'est vrai qu'il y a des places libres dans l'équipe de rédaction, eh bien... je serai intéressée...

C'était plutôt direct comme approche, un truc très Wizzien!

Toujours positionnée d'une drôle de manière qui lui aurait valut des réprimandes en cours, Liliana cherchait toujours des idées... Enfin, elle était à présent perdue dans la contemplation d'une de ses anglaises soyeuse et blonde comme les blé, très occupée à la glisser entre ses doigts et l'entourer à son index. C'était marrant, comme ses cheveux rebondissaient souplement alors qu'elle lachait la mèche. Elle doutait qu'un jour elle puisse avoir des cheveux lisses, comme la fillette là-bas qui s'approchait d'elle en la regardant.
Elle avait détourné ses yeux bleus vers le mur en face d'elle, la nuque toujours appuyée contre le dossier de sa chaise, quand elle réagit seulement que la jeune fille ne la regardait pas pour rien. Aussi, elle eut à peine le temps de retourner un visage intrigué vers elle qu'elle lui adressait déjà la parole.

Sa première réaction face à une telle vivacité aurait normalement été l'agacement, surtout de la part d'une première année de Gryffondor, mais les mots clés avaient été prononcés et Liliana se redressa sur sa chaise, parvenant ainsi même assise à dépasser la petite Lizzie, comme elle s'était présentée. Et oui, la Serpentard était grande, plus grande que la plupart des autres filles de son âge.

"Oui, c'est vrai, l'équipe n'est pas encore formée et le temps commence à presser. Même s'il n'y a pas toujours de gazette aux premiers mois d'école, il faut apprendre à gérer son emplois du temps en fonction du travail à fournir et à coopérer ensem..."

"Miss Vanloock, moins fort s'il vous plaît !"

Interrompit la petite voix flûtée du professeur Flitwick. La jeune fille tourna la tête vers lui et lui rendit son sourire, le sien cependant désolé et se leva promptement de sa chaise en se tournant cette fois vers Lizzie.

"Mais c'est pas l'endroit pour en parler... Professeur Flitwick ? Puis-je emprunter le bureau afin de ne déranger personne ?"

"Faites, faites, je vous en prie !"

Après avoir adressé un léger clin d'oeil à la petite en face d'elle, sûrement histoire de lui montrer quels avantages plutôt cools pouvaient-elle avoir d'être rédactrice en chef, elle se dirigea d'un pas souple et rapide jusqu'à la porte qui se trouvait à l'opposée de la sortie vers les couloirs, soit à côté de l'estrade du petit enseignant. Elle ouvrit la porte et laissa passer la première année avant de refermer derrière elle.
Un bureau tronait en fond de pièce et deux fauteuils étaient installés en milieu de salle. Liliana opta pour prendre place dans l'un deux en faisant signe à Lizzie de la suivre.

"Et donc, quel genre de rubrique t'interresserais ? Tu t'es déjà renseignée sur le travail à fournir ?"

La jolie blonde aux anglaises savamment agencées semblait détailler Lizzie du regard, comme pour juger de sa valeur. La petite attendit qu’elle ait fini son inquiétant examen. Pas qu’il puisse lui arriver quoi que ce soit, mais étant donné que la serpentarde la dominait, même assise, la situation était tout de même inquiétante, pour peu que l’on possède un instinct de survie, même peu développé. Il ne faut pas oublier que notre Wizz n’était autre qu’une petite gryfondor sans défense, autrement dit une proie facile pour la vipère. Mais ne commençons pas à raisonner en victime et agresseur car aucune des deux élèves n’était en position agressive ou défensive, alors stop aux préjugés entre maisons, qui n’ont pas lieu d’exister.
Après la vive entrée en matière de Lizzie, la verte se lança dans un discours qui aurait put se révéler fort intéressant si le professeur Flitwick ne l’avait interrompu en plein élan. Mais cela n’empêcha pas la première année de retenir une information essentielle : l’équipe de la gazette n’était pas encore formée, ce qui en d’autres termes signifiait qu’elle avait une chance de peut être intégrer cette fameuse équipe qu’elle convoitait. Un sourire illumina son visage tandis que les deux filles se dirigeaient vers un bureau jouxtant la salle d’étude, sous l’œil amusé du professeur de sortilèges.

Lizzie y entra avant la rédactrice en chef, se disant que c’était plutôt cool comme poste. Ainsi, elle semblait gagner un peu de respect ou de je ne sais quoi de pas trop mal en rapport avec les professeurs, comme par exemple de la confiance. Calquant ses gestes sur ceux de la grande et non moins jolie fille, la rouge et or s’assit dans un confortable fauteuil, au centre de la pièce.
La verte lui demanda alors ce qui l’intéressait comme poste, ainsi que si elle savait ce que s’engager dans l’équipe voulait dire en terme d’heures de travail supplémentaire, ou de travail tout court à fournir. Lizzie n’y avait pas vraiment réfléchit, étant de toute façon persuadée qu’il serait déjà trop tard. Elle se tordit légèrement les mains en signe de gêne.

_ Heu… eh bien à vrai dire, je n’y avait pas encore pensé. J’étais sûre qu’il ne restait plus que deux ou trois places alors…j’aurais pris ce qu’il y avait, à condition que je fasse l’affaire, bien sûr…

Elle se tut.
C’était un peu idiot comme raisonnement mais Lizzie n’en était qu’à sa première année à Poudlard, aussi ne savait-elle pas très bien comment tout ceci fonctionnait, malgré ce que lui en avaient raconté ses sœurs aînées.

_ Et .. au fait, il y quoi comme rubriques ?
Et qu’est-ce que tu veux dire par travail à fournir ? Il y a beaucoup de choses à faire? Si c'est le cas, ça ne me dérange pas trop... enfin, il faut voir ...

Le regard calculateur et perçant de Liliana ajouté à sa question franche et directe n'étaient pas ce qu'il y avait de plus rassurant pour une première année de Gryffondor, mais Liliana, bien qu'elle n'avait pour le moment pas envie d'effrayer sa possible "employée" n'était pas non plus dans le genre à user de douceur ou pire ! De molesse.
Les mains s'entortillant, la petite Rouge et Or commença une explication évasive qui entraîna un froncement de sourcil sévère de la part de la vipère, un mouvement de visage qui aurait put paraître anodin si elle n'avait en cet instant de quoi rappeler une mimique de répprobation propre au professeur McGonagall. Elle posa ses deux mains l'une sur l'autre sur ses genoux croisés, sans quitter la jeune Lizzie du regard.

"Hm, en tout cas, si tu veux faire partit de l'équipe il va falloir te montrer plus au courant que ça. Je suis là pour renseigner ceux qui travaillent pour moi, mais pas pour les materner."

Encore une fois, Liliana Vanloock faisait preuve d'une douceur surprenante, égale à un vent d'hiver en Antarctique. De toute façon, si Lizzie voulait faire parti de l'équipe, elle devrait s'habituer rapidement au caractère difficile et exigeant de celle qui était devenue la rédactrice en chef, ainsi avait-elle le temps de commencer dès maintenant !
Et d'ailleurs, elle commença à faire un peu plus preuve de vivacité en se renseignant enfin sur les rubriques qui étaient sensées trôner de façon permanente dans chaque numéro de la gazette de Poudlard. Un brin trop tard, se dit malgré tout Liliana, jamais satisfaite. Elle aurait put se poser la question un peu plus tôt, avant de venir la déranger dans sa contemplation apathique du néant, par exemple. Et voilà qu'elle se plaindrait presque déjà du travail à fournir pour la Noble Cause, maintenant. Un léger et sec soupir exaspéré s'extirpa des lèvres de Liliana. Un de ces soupirs qui auraient nettement put faire penser à un de ces grands coups de vents arrides qui décoiffent et laissent ahurie et chancelante la personne qui avait eu la malchance de se trouver sur son passage. Si tant est bien sûr que Liliana eusse été capable de produire un tel effet rien que d'un souffle. La miss Folks n'était donc pas décoiffée le moins du monde, car je n'ai pas la prétention de prêter de tels pouvoirs à la Serpentard.
Bien que.

"Il y a plusieurs postes. On cherche au moins un photographe, un reporter qui sera chargé de récolter les dernières rumeurs et nouvelles au sein de l'école et de ses alentours, un responsable de la rubrique de Quidditch."

La jeune demoiselle marqua une pause durant laquelle elle garda baissé son regard d'un bleu perçant sur la Gryffondor. L'éclat qui passait au fond de ses iris n'était pas très engageant et ça n'était pas injustifié. Intérieurement, elle se demandait, et malgré la jeunesse et la maison de son interlocutrice, espérait qu'elle n'était pas en train de perdre bêtement son temps avec elle. Elle était jeune, avait-elle une assez bonne maturité d'écriture ? Et puis elle ne devait connaître qu'à peine Poudlard, aurait-elle assez de hardiesse pour affronter les nombreux couloirs et étages du collège, ainsi que ses élèves ?

*Espèrons qu'elle ait au moins hérité du soit disant courage des Lions.*

Pensa-t-elle, tandis qu'une autre idée la frappa, bien qu'à contrecoeur. Elle avait tout de même osé l'aborder elle. Une Serpentard de quatrième année, une fille dont la réputation n'était d'ailleurs plus à refaire ! Enfin, peut-être était-elle tout simplement trop jeune pour se savoir à qui elle s'adressait...

"...Et si tu as un minimum d'imagination et de talent, tu peux aussi concevoir ta propre rubrique et me la proposer. J'étudierais ensuite tes idées et l'accepterait ou la refuserait si je juge que le projet vaut ou non qu'on y prête du temps."

Reprit la jolie blonde, toujours avec ce même regard et ce même ton, comme si aucune pensée ne l'avait sortit pendant quelques secondes de sa conversation avec la petite lionne.

"Alors ?"

Liliana redressa le menton à s'en donner des allures de juge, prête à faire tomber un verdict plus ou moins favorable sur la première année en fonction de sa réponse, réponse qu'elle n'avait à présent plus qu'à donner.

La serpentarde était tout sauf … engageante. Ses mimiques, ses gestes et ses haussements de sourcils donnaient la chaire de poule et montraient clairement qu’elle n’avait rien à faire de la pauvre Lizzie, du moins c’est ce que la petite première année pensait. Cette Liliana n’était sûrement pas chez les vers pour rien, ça c’était certain. Elle se montrait des plus froides et pas non plus aimable, mais au moins faisait-elle l’effort de répondre aux questions de la petite blonde. Aussi, comme cette dernière avait envie de participer, ou au moins d’essayer de participer à l’élaboration de la gazette, elle tenta de faire comme si de rien n’était et attendit patiemment que son aînée ait achevé son discours. Plusieurs postes étaient disponibles et elle pouvait aussi en créer un, pour un peu qu’elle soit douée d’imagination. Mouais, ça ce n’était pas son fort, il ne faut tout de même pas oublier qu’elle n’avait que onze ans !
Bon, pas grave.
Il suffit de passer en revue les postes disponibles. Photographe ? Oulà non ! La pauvre petite avait bien sur déjà essayé de faire des photos en vacances ou pour les grandes occasions comme les anniversaires de ses sœurs ou parents mais… c’était toujours raté. La plupart du temps, elle cadrait mal et du coup le sujet principal était à moitié coupé, sans compter tout le reste.. Non elle était bien trop piètre photographe pour oser même songer à demander ce poste. Tant pis. Et si elle tenait la rubrique Quidditch ? La c’était un peu plus intéressant, elle trouvait ce sport absolument fascinant même si elle n’avait vu qu’un seul match de toute sa vie et qu’elle n’y connaissait strictement rien. A oublier aussi… Ne restait que les potins. Le poste idéal pour une petite fille à l’allure innocente ! ça c’était fait pour elle, aucun doute. Un grand sourire étira ses lèvres juste avant qu’elle ne réponde à Liliana.

_ Je crois que pour ce qui est des rumeurs je pourrais m’en charger… Tu sais, j’ai quatre, enfin cinq frères et sœurs alors ce genre de colportages sur les uns et les autres, ça me connais. J’adore regarder par les trous de serrures lorsque mes deux sœurs reçoivent du courrier..

Surtout Fauve pour être exacte parce que Mava était tellement timide que personne ne devait lui parler à par ses amies toutes aussi coincées et studieuses. Inutile donc d’espérer la surprendre au bras d’un petit ami. Par contre pour Fauve…la situation n’était pas la même et la jeune fille avait beaucoup d’admirateurs secrets.. ou moins secrets d’ailleurs…

_ Et puis tu sais, personne ne se méfie d’une innocente première année, d’une petite fille qui vient de débarquer à Poudlard…

Elle se tut un instant. Il était vrai que son statut de première année lui donnait un avantage sur les autres élèves. N’étant pas d’une famille réputé ou connue, personne ne s’inquiétait d’elle ou faisait attention à sa présence. Et elle pouvait toujours prétexter bien des choses, personne n’irait vérifier.. A croire que le destin avait tout manigancé pour que Lizzie puisse devenir Miss Potins ! Bon bien sûr il fallait l’approbation du grand manitou, mais ça ne lui coûterait sûrement rien de la prendre au moins à l’essai.
Il fallait cependant qu’elle avoue quelque chose, si être en première année pouvait être un avantage c’était aussi un inconvénient : elle ne connaissait quasiment personne, et ça c’était vraiment pas de bol..

_ .. euh.. par contre, je ne connais pas encore bien tous les élèves, alors si tu pouvais m’indiquer qui sont les personnalités incontournables de Poudlard hormis les préfets bien sûr…

Petit sourire à traduire par « s’il te plait dit oui, s’il te plait ! »

Parée de cette expression qui flirtait entre les rivages de l'indifférence et le gouffre profond du dédain, Liliana laissait son observation s'attarder sur le visage de la première année dans l'attente que cette dernière revienne de l'apparent épineux chemin de ses propres réflexions. Certes, Vanloock retenait un soupir impatient, mais au moins pouvait-elle se féliciter d'avoir en face d'elle une interlocutrice qui ait apprit à réfléchir avant de faire un choix définitif. Enfin, la conclusion de la longue méditation arriva, auréolée par les lumières rutilantes de l'idée neuve et attrayante, symbolisé en un sourire chez la Gryffondor. Elle revenait victorieuse de sa bataille contre l'Esprit, un sourire au bord des lèvres, en plus d'un choix.
Liliana s'enfonça doucement au creux du dossier de son fauteuil en relevant les yeux dans le vague, réfléchissant aux propos de la Rouge et Or et oubliant d'écouter par la même occasion les anecdotes inintéressantes sur la vie personnelle de la fillette. Une gamine au sein de la gazette n'était déjà pas une optique bien attrayante aux yeux de la rédactrice-en-chef, mais une gamine avec entre les mains la gérance d'une des rubriques les plus délicates du journal l'était encore moins. Ce genre de pages, souvent réservées pour la distraction de l'esprit et trop souvent vulgarisé risquait de prendre encore un échelon dans le médiocre, et Liliana craignait une chose par-dessus tout : faire du journal de l'école un minable bout de papier servant de lecture aux Béotiens du château. Mais après tout, l'âge ne changeait guère forcément la vision d'une rubrique (prenons par exemple cette imbécile de Susy Nelson de Sorcière Hebdo, qui avait sût faire de ses articles des chef d'œuvres au Musée du consternant), et peut-être qu'avec un peu de chance, la plume de la candidate saurait relever dignement le nom et la rubrique de cette dernière. Mais pour ce faire, mieux valait mettre les choses au clair avec la première concernée, afin de laisser à cette dernière la possibilité d'exploiter la chance qui risquait de lui être offerte.
« Très bien, mais sache que ce rôle ne paie pas de mine alors qu'il peut avoir une importance majeure au sein du journal. Je ne compte pas voir la Gazette de l'école se transformer en un des nombreux et peu scrupuleux dérivés de Sorcière Hebdo, alors tu peux oublier les commérages de bas étages. De toute façon, chaque article se retrouve entre mes mains avant l'édition, aussi saurai-je bien assez vite la valeur de ton travail. »
La Serpentard s'arrêta là dans ses mises en garde, cessant par la même occasion de laisser ses yeux s'égarer quelque part au dessus du fauteuil de Lizzie pour les braquer sur elle. Bleus, imperturbables et toujours aussi peu emprunt de chaleur humaine, la grande Serpentard devait paraître vraiment peu engageante vis à vis de la Gryffondor. Mais les vieux stéréotypes persistaient malgré eux, et la vipère n'aurait pas trouvé de nécessité à paraître chaleureuse vis-à-vis d'une Maison ennemie à la sienne, surtout lorsque la représentante de cette dernière n'était qu'une gamine de onze ans. Il n'y avait cependant nulle animosité, bien que sa taille et son aspect laissait présager quelques muettes menaces, en empruntes officielles du caractère de la Miss Vanloock et ce malgré elle.
Sourire ne lui aurait de toute façon pas été permit, son esprit était trop plein des réflexions que sa fraîche responsabilité faisait peser sur son esprit, et la lourdeur de ses tâches lui tiraient plus souvent la grimace qu'un rictus de bonheur. Acharnée comme elle l'était, elle passait bien plus de temps à chercher et à trouver de nouvelles idées, ainsi qu'à peaufiner l'esthétique écrit comme visuel du journal qu'à prendre un peu de bon temps pour elle quand ses devoirs n'exigeaient pas sa réflexion. Par les temps qui courraient, s'occuper était le meilleur moyen de ne pas se préoccuper et Liliana mettait en pratique cette bonne pensée, à la lettre près.

L'esprit utile de la petite Folks était à présent définitivement éveillé, et la conversation tomba une bonne fois pour toute dans le concret. Certes, elle avouait une faiblesse, mais Lizzie semblait décidée à aller au devant de son ignorance pour l'écraser définitivement sous le poids des Grands Noms de Poudlard en demandant conseil à sa doyenne. Un léger soupir s'échappa de la bouche de cette dernière, mais cette fois ce ne fut pas le dédain qui attira une telle réaction à la Serpentard. Elle était loin d'avoir les connaissances de sa prédécesseur qui avait assez de savoir sur l'école et sa société pour paraître avoir la science infuse sur ce domaine. Cela était certainement dû au fait que la mission de Liliana consistait - l'année précèdente - surtout à travailler sur ce qu'il se passait hors de l'école plutôt qu'au sein même. Enfin, rassurez-vous, la jeune Miss Vanloock était encore loin de la bête ignorance, et c'est avec sûreté qu'elle répondit à la Gryffondor, avec dans la voix la confiance et la fierté de celle qui est sûre des informations qu'elle apporte.
« ...Moi, mais je doute que cela soit une grande nouvelle pour toi, ni une information bien utile, puisque j'ai la main mise sur tes articles. »
Pour la première fois, un léger sourire d'amusement adoucit ses traits élagués de toute grossièreté comme de sympathie. Son regard à la dureté d'adamantine étincela même un instant, avant que la rédactrice ne reprenne tout son sérieux.

« Margareth Downsun est une septième année qui a encore son influence, en particulier sous le Blason des Serpentard, bien qu'elle est encore très salué par pas mal d'élèves d'autres Maisons grâce à la verve dont elle faisait preuve à chaque fois qu'elle écrivait une ligne. Elle était rédactrice-en-chef l'année dernière et ce depuis sa cinquième année, alors que je dirigeais la rubrique des Nouvelles de l'extérieur. Elle a été viré de l'équipe journalistique parce qu'elle avait osé parler d'une aventure entre l'ex-professeur de Défense contre les Forces du Mal et celle d'Histoire de la Magie. Dans un autre registre, et toujours chez les Serpentard, il y a Steadworthy mais je te déconseille de t'en approcher. De toute façon le personnage ne sera jamais assez intéressant pour figurer dans un article autre que sur un traitant des détritus de l'Angleterre. Il est juste respecté car il sait s'entourer et qu'il est né d'une famille de Sang-Pur. »
Sa dernière phrase fut prononcée avec plus de lenteur que les précédentes tandis que son regard se plissait, assombrissant ses iris habituellement claires. Parler ainsi d'un nom Noble était s'engager sur un chemin périlleux, et le fait de se trouver face à une fillette avait émoussé la méfiance coutumière de la Serpentard. Le silence eu soudain la charge électrique d'une soirée d'orage en plein été pour Liliana, qui braqua sur la gamine un œil perçant, comme si ce simple fait pouvait permettre à la Vert et Argent de deviner quels genre d'idéaux pouvait camoufler le visage innocent de la petite blonde. Cette dernière avait eu raison sur un point : la jeunesse laissait présager trop de candeur pour attirer assez de suspicion. Les masques tombaient plus prestement, et les pensées se révélaient avec autant de promptitude. Pourtant, l'âge ne signifiait rien quand un but animait l'âme, ou lorsque une éducation l'avait façonnée. Quel genre d'éducation avait put recevoir Miss Folks ? Liliana espérait son admission à Gryffondor comme un des signes prouvant qu'elle pouvait se permettre les propos qu'elle avait tenu. Malgré tout, le voile de la défiance continuait à ternir son regard tandis qu'elle rouvrait la bouche avec lenteur.
« A ce propos, fais attention à ne pas citer des gens desquels tu n'es pas sûre de ne rien risquer, surtout si les propos tenus sont peu valorisant. Par les temps qui courent, même la dévalorisation objective peut s'avérer dangereuse et je ne tiens pas à faire dire de moi que j'ai été la première Rédactrice a laisser assassiner un des membres de mon équipe. ...D'autres questions ? »

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